« Les Supra-Humains sont déjà parmi nous ! »

« Les Supra-Humains sont déjà parmi nous ! » est le récit initiatique d’une rencontre aussi drôle que déroutante entre un dénommé Charles, passionné par le sujet des extraterrestres, et un petit groupe de Maîtres secrets. Le livre est disponible en commande sur le site. Vous avez donc la possibilité de faire vos commandes en vous reportant à la rubrique « Livres à commander ». Pour tout renseignement supplémentaire écrire à :

techniquesolaire@yahoo.fr

Voici l’avant-propos et les 3 premiers chapitres.

Avant-propos.

Ceci est l’histoire d’une rencontre exceptionnelle. Nous l’avons retranscrite globalement telle qu’elle nous a été transmise, à quelques nuances près : les noms, les lieux et les circonstances ont été changés ou estompés. Le fait est que le statut que vous allez donner à cet écrit, roman ou récit, n’a strictement aucune importance, à partir du moment où vous êtes réceptif au message qu’il véhicule. L’existence physique des Maîtres transcendants et la possibilité pour chacun d’entre nous de réaliser l’Eveil transcendant sont deux vérités qui devraient nous inspirer de l’espoir, du réconfort, et une certaine force pour vivre notre vie verticalement. C’est-à-dire vivre en accordant une place importante au travail intérieur pour développer l’énergie de l’amour et de la joie afin d’avancer sur le chemin de l’Eveil transcendant.

Chapitre 1 : La rencontre.

Charles ne se considérait pas comme un chercheur spirituel, bien qu’il ait pas mal « bourlingué » à travers les écoles et les enseignements spirituels. Il se concentrait de préférence sur les ovnis, c’est-à-dire en réalité sur les extraterrestres. Son plus grand rêve était de pouvoir obtenir un entretien de vive voix, en face à face, avec l’équipage d’une soucoupe volante venant des confins de l’univers.
Il avait lu des dizaines de milliers de témoignages émanant de gens qui disaient avoir aperçu des engins extraterrestres, et il connaissait du bout des doigts des dizaines de récits faits par des contactés, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui avaient apparemment eu l’honneur d’une rencontre et d’une communication avec des extraterrestres. Que pouvait-il y avoir de plus extraordinaire, de plus fascinant, de plus mystérieux… que l’existence d’êtres intelligents dans l’espace ayant atteint un niveau d’évolution psychique et un niveau de connaissance scientifique supérieurs aux nôtres ? Certainement pas un homme visiblement diminué par un ulcère et une anémie, et qui commençait à raconter, sur une estrade et devant un micro, comment il avait percé à jour l’illusion du monde et réalisé le soi impersonnel, sans identité et sans personnalité, réalisation qui était précisément ce que certains appelaient l’éveil impersonnel…

Il y eut un grand bruit dans la salle, et l’une des armatures métalliques du plafond tomba directement sur la tête de l’enseignant spirituel. Un bref moment de stupeur se saisit de l’auditoire venu écouter la conférence, puis quelques organisateurs se précipitèrent pour porter secours au pauvre malheureux qu’un pan d’illusion venait d’assommer. Ce fichu accident venait de réduire à néant l’atmosphère de profonde pénétration spirituelle que les organisateurs avaient eu tant de mal à mettre en place, sans compter l’image de « hauteur impersonnelle » que l’enseignant avait si savamment inspirée en adoptant un regard, un port de tête, une expression de visage, un timbre de voix et un débit sonore aussi naturels et spontanés que la composition très étudiée d’un acteur qui vient d’entendre « action ». Tandis que l’enseignant gisait par terre en essayant de ne pas râler, et en faisant des efforts qu’il voulait imperceptibles afin de garder sa contenance et de faire honneur à son statut d’instructeur spirituel, Charles entendit quelqu’un ricaner à deux ou trois rangées de sa place.
L’un des organisateurs se saisit du micro :
- Veuillez nous excuser pour ce léger contretemps. Comme vous pouvez le constater, des accidents, cela arrive aussi aux êtres éveillés. Mais rassurez-vous, notre cher instructeur, étant un être pleinement éveillé, est détaché de la douleur, qui est une illusion. Nous allons le conduire dans une pièce adjacente afin qu’il puisse reprendre ses esprits et revenir pour la suite de cette conférence sur l’éveil.
Mais une demi-heure plus tard, un autre organisateur annonça que l’instructeur avait dû être transporté à l’hôpital, parce que la commotion l’avait manifestement plongé dans un état comateux. Cette annonce fit éclater de rire la personne qui déjà avait ricané. Des regards désapprobateurs se dirigèrent vers elle. Mais peut-être plus par pudeur que par réaction à ces représailles zieutées, l’impertinent alla poursuivre sa crise de fou rire dans les couloirs.

Charles quitta la conférence avec une certaine lassitude. Depuis quelques mois, sa nouvelle petite-amie, qui éprouvait un mépris hautain devant l’intérêt que Charles portait aux extraterrestres, avait fait des pieds et des mains pour le dissuader de s’intéresser à ces illusions, et pour l’incliner à s’intéresser plutôt aux enseignants spirituels qui avaient réalisé la non-dualité. Les extraterrestres étant insaisissables et ne donnant pas de conférences, Charles accepta un peu à contrecœur de se rendre à la conférence de l’un de ces fameux instructeurs spirituels. « Faute de merles, mangeons des grives » pensa-t-il pour se convaincre d’y aller. Il faut dire que le portrait que lui avait dressé sa petite-amie à propos des enseignants spirituels, n’avait pas de quoi susciter son enthousiasme.
- Ces enseignants spirituels, ils ont réalisé quoi au juste ? questionnait Charles.
- Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux savoir exactement ?
- Bah… est-ce qu’ils ont la maîtrise des capacités psychiques, du genre télépathie, psychokinésie, lévitation… ?
- Oh lala, c’est de l’illusion tout ça, répondit la petite-amie sur un ton supérieur. 
- Bon… est-ce qu’ils ont construit des appareils technologiques qui dépassent…
- Pff… c’est du mirage tout ça, renchérit la petite-amie sur un ton dédaigneux.
- Hum… est-ce qu’au moins ils ont des pouvoirs de guérison, par imposition des mains par exemple ?
- Tsss… la maladie c’est du domaine de l’ego, eux ils n’ont plus d’ego, répliqua-t-elle sur un ton agacé.
- Je vois… en quoi sont-ils supérieurs aux hommes ordi…
- Puéril ! Ils ne sont ni supérieurs, ni inférieurs !
- Bon… en quoi sont-ils différ…
- Stupide ! Ils ne sont pas différents des gens ordinaires. Ce sont des gens ordinaires. A une différence près : ils ont pris conscience que tout était illusion… ils ont pris conscience qu’ils n’étaient pas séparés de l’univers…
- Mais apparemment ils n’ont pas pris conscience qu’ils étaient peut-être un tout petit peu irrationnels.
- Retire ce que tu viens de dire !
- Mais quoi ? Si je comprends bien ce que tu m’en dis, ces enseignants spirituels sont des gens ordinaires professant certaines idées métaphysiques… et témoignant de certains sentiments subjectifs…
- Ils ont réalisé ce qu’ils enseignent !
- Et on en revient à la question de départ : qu’ont-ils réalisé exactement ?
- Comment ça ?
- Laisse tomber… J’irai à cette conférence, mais c’est vraiment juste pour te faire plaisir.

Charles rompit avec sa petite-amie quelques jours après cette conférence, notamment parce que celle-ci avait essayé de le convaincre que l’enseignant dans le coma n’en était que plus exemplaire dans son éveil impersonnel, et que ce n’était là qu’une autre façon d’enseigner l’illusion de toute chose aux gens. Ou bien sa petite-amie était pourvue d’un sens rationnel particulièrement défectueux, ou bien elle était d’une mauvaise foi éhontée. Dans un cas comme dans l’autre, Charles ne voyait pas comment il pourrait construire une quelconque relation durable avec une personne de ce genre. Néanmoins, aussi irrationnelle fût-elle, cette fille avait en partie raison : les extraterrestres étaient si peu accessibles que la question de leur existence même était déjà assez épineuse pour beaucoup.
- Pourquoi faut-il que les êtres les plus intéressants soient inaccessibles ? lança-t-il d’une voix négligée dans le vide, assis au soleil sur une terrasse de café par un beau matin de vendredi.
- En êtes-vous si sûr ?

La voix venait de derrière. Quand Charles se retourna, il se retrouva nez à nez avec un homme, la cinquantaine grisonnante, dont les yeux étaient cachés par de fines lunettes de soleil. L’homme lui tendit une main chaleureuse, que Charles saisit avec réticence.
- Je m’appelle Haidon.
- Et moi…
- Charles, je sais.
- Est-ce que je vous connais ?
- Pas encore. C’est mon Maître qui m’envoie à votre rencontre.
- Votre Maître ?
- Rassurez-vous, mon Maître n’a aucune commune mesure avec l’éveillé impersonnel que vous avez vu en conférence dernièrement.
- Eveillé impersonnel ?
- Bon… je vois que vous n’êtes pas très bien réveillé. Les Maîtres ne vous intéressent peut-être pas, mais vous ignorez qu’ils constituent un sujet bien plus passionnant que celui des extraterrestres.
- Des extraterrestres ?
- Et moi qui pensais que les deux cafés que vous avez bus depuis tout à l’heure vous auraient quelque peu réveillé ! Qu’à cela ne tienne. Je n’ai qu’une simple invitation à vous adresser aujourd’hui. Si vous le voulez bien, vous pouvez passer un week-end dans la demeure du Maître. Soyez conscient que c’est un grand honneur qui vous est accordé.
- Une invitation ?
- Est-ce qu’ils servent du cannabis dans leur café ici ? Charles… vous avez toujours voulu rencontrer des extraterrestres. Il vous est offert l’opportunité de rencontrer un être à qui les extraterrestres eux-mêmes viennent demander des conseils et du soutien. Je dois partir maintenant, vous trouverez chez vous, dans un tiroir de votre bureau, un petit carton blanc aux bordures dorées. Si vous acceptez l’invitation, inscrivez simplement « oui » sur le carton. Sinon écrivez « non ».
- Et si…
Mais Charles réalisa subitement que l’inconnu avait disparu. Il ne s’était pas à proprement parler volatilisé devant ses yeux. Ce qui venait de se passer était plutôt étrange. Charles regardait son interlocuteur, puis l’espace d’une fraction de seconde, une sorte de vertige et d’obscurité, ou de blanc, s’était saisie de lui… et quand sa vision redevint normale, Charles découvrit que Haidon n’était plus là. Physiquement, l’homme n’aurait jamais pu avoir le temps de se lever et de partir en courant sans que Charles ne s’aperçoive de quoi que ce soit.
En demandant à un serveur qui nettoyait une table à côté s’il avait vu dans quelle direction était parti le monsieur avec lequel il venait de discuter, Charles s’entendit répondre :
- Euh… vous parliez tout seul monsieur. Vous m’avez d’ailleurs un peu inquiété. Est-ce que vous êtes sûr que tout va bien ?

Chapitre 2 : Le carton.

Durant toute la journée, Charles essaya de comprendre ce qui s’était passé. Se pouvait-il qu’il ait été hypnotisé ? Ou qu’il ait rêvé ? Tout semblait pourtant si réel. Haidon pouvait-il être un extraterrestre ? Mais alors, pourquoi aurait-il parlé d’un Maître ? Qu’est-ce qu’un extraterrestre pouvait bien avoir à faire avec un Maître ? Charles vérifia à la seconde près son emploi du temps, tout ce qu’il avait fait… Le trajet jusqu’au café, le temps passé sur la terrasse, le trajet jusqu’à la bibliothèque, puis l’après-midi au bureau… S’il avait été victime d’un enlèvement extraterrestre, il aurait dû remarquer un trou inexplicable dans son emploi du temps. Mais il ne trouva rien de tel. Si c’était une rencontre avec un extraterrestre, elle ne s’était pas produite selon les standards qu’il avait déduits de l’étude des contactés. Même Howard Menger, qui avait croisé des extraterrestres en pleine ville dans une voiture banale, et même George Adamski qui avait eu des discussions avec des extraterrestres dans des cafés, avaient commencé par être témoins d’apparitions de vaisseaux de l’espace…

« Au diable les standards ! » s’écria Charles. Il avait bénéficié d’une rencontre avec un extraterrestre, et cette conviction se consolida en lui lorsqu’il passa en revue dans sa tête tous les récits où des extraterrestres circulaient comme des hommes ordinaires dans les rues. Daniel Fry, un contacté, mentionnait par exemple que certains extraterrestres séjournaient parmi les hommes pour des durées pouvant aller jusqu’à plusieurs mois, voire quelques années, habitant des maisons, conduisant des voitures et possédant des papiers d’identité tout à fait terrestres. Il existait une sorte de distance incommensurable entre les récits d’enlèvements extraterrestres, dont le souvenir ne surgissait généralement qu’à travers la transe hypnotique, et les récits de rencontres extraterrestres, avec parfois des extraterrestres aux allures apparemment banales rencontrés dans une station-service ou dans un supermarché.

C’est sans grand enthousiasme que Charles assura les quelques rendez-vous de l’après-midi, puis ce fut avec une certaine appréhension qu’il rentra dans son appartement modeste situé un peu à l’écart du centre-ville. Avant d’ouvrir les tiroirs à la recherche du mystérieux petit carton, il se fit d’abord un cassoulet, puis descendit une bière, avant de tourner plusieurs fois autour de la télé, sans se décider à l’allumer. Le téléphone sonna. C’était sa petite-amie qui essayait de renouer. Elle s’excusa pour son attitude à propos de l’éveillé impersonnel dans le coma, mais elle n’en démordit pas que Charles était un peu stupide de s’intéresser autant aux extraterrestres. Elle trouva le moyen de lui reprocher d’avoir fait réchauffer une boîte de conserve au lieu d’aller chercher des sushis chez l’asiatique du quartier… et elle ne manqua pas de lui rappeler que si quelqu’un était débile dans cette histoire, c’était bien lui avec sa manie de ne pas vouloir voir combien les enseignants spirituels étaient des êtres magnifiques qui n’avaient plus d’ego…
- Ecoute Cécilia, trouve quelqu’un d’autre pour lui pourrir la vie, lui conseilla Charles sur un ton acide. Et peut-être ferais-tu mieux de sortir directement avec l’un de ces éveillés impersonnels…
Une petite-amie… il n’éprouvait pas le besoin d’en avoir. Son histoire avec Cécilia était le résultat de l’initiative de l’un de ses amis, un habitué des réseaux de rencontres qui changeait de petite-amie tous les six mois, se promettant invariablement que la prochaine serait la bonne. Son travail lui prenait beaucoup de temps, et sa passion pour les extraterrestres l’emportait sur la plupart des désirs si ordinaires et communs qui avaient valeur de normalité chez la majorité des gens. Il se disait que les gens avaient besoin de relations sexuelles, déguisées tant bien que mal en relations sentimentales, parce qu’ils n’avaient pas une passion suffisamment forte pour les transporter
- C’est toi qui as un problème, lui avait dit un jour son ami abonné à idylle.com, tu te rendras compte un de ces jours qu’une poupée gonflable ça ne sait pas faire des pipes !
- Tu sous-estimes l’ingéniosité des trouvailles en la matière, avait rétorqué Charles qui n’avait pas de poupée gonflable.
Quand il cessa de tourner autour de la télé, il se mit à feuilleter un livre de John Mack sur les enlèvements extraterrestres… puis il se gratta la tête avant de se décider à ouvrir les tiroirs. C’était la première fois que quelque chose venait perturber le cours normal de ses soirées. D’ordinaire il se mettait l’un de ses milliers de documentaires sur les ovnis et les extraterrestres, ou alors il lisait quelques chapitres de l’un des milliers de livres de rencontres ou d’enlèvements extraterrestres qui constituaient la principale matière de sa bibliothèque personnelle. Quelques ouvrages sur l’hypnose et d’autres sur la parapsychologie venaient compléter son impressionnante collection d’étrangetés ufologiques.

Bien avant que sa dernière petite-amie ne l’oblige à aller à une conférence donnée par un éveillé impersonnel, il s’était intéressé à ces gens, en même temps qu’il s’était penché sur les cas des hypnotiseurs et des médiums les plus remarquables. Certaines personnes avaient, semble-t-il, le pouvoir d’induire certains états mentaux chez les autres, à travers la parole, le regard, des passes magnétiques… Certains enseignants spirituels de la non-dualité partageaient un trait commun relativement intéressant : une certaine sérénité intérieure, et comme la capacité de permettre à d’autres d’expérimenter cette sérénité intérieure. S’agissait-il réellement d’un état permanent ? Non, sauf quand l’éveillé impersonnel parvenait à se maintenir dans une posture sociale à même de consolider, par l’enseignement ou la reconnaissance perpétuelle des autres, cette sorte de vécu psychologique…
Charles avait assisté au spectacle d’un hypnotiseur impressionnant, qui donnait des représentations en cercles restreints et accessibles seulement sur recommandation. Le clou du spectacle était très inhabituel : l’homme faisait ressentir à ses spectateurs une expérience océanique de paix intérieure, à travers un simple geste de la main qui ne ressemblait même pas à une passe magnétique, et qui n’aurait pas paru incongru dans un contexte social ordinaire.

- Le geste n’est qu’un vecteur, avait expliqué l’hypnotiseur. C’est mon fluide magnétique qui agit, j’ai simplement appris à le projeter à distance, en le rayonnant à travers la paume de ma main…
En faisant abstraction des discours obscurs des éveillés impersonnels sur la non-dualité et l’illusion de toute chose, les meilleurs d’entre eux ne se distinguaient quasiment en rien d’un hypnotiseur doué, dont le talent serait spécialisé dans le sentiment de paix intérieure ou dans le sentiment de fusion symbiotique avec l’univers, et qui serait lui-même dans une sorte d’état psychologique non-ordinaire… Tout cela n’avait pas nécessairement quelque chose à voir avec le cerveau, mais pouvait concerner une sorte de réalité subtile sous-jacente au cerveau, et plutôt indépendante, en dernière analyse, des structures cérébrales… Mais un éveillé impersonnel était bien loin d’un extraterrestre, et somme toute assez identique à un homme ordinaire…
Cependant, les éveillés impersonnels avaient un avantage imbattable sur les extraterrestres, du point de vue de l’intérêt que les uns et les autres pouvaient susciter auprès du public : il suffisait de se procurer le programme des librairies ésotériques ou d’ouvrir n’importe quel magazine de spiritualité sur les pages des annonces pour pouvoir assister à une dizaine de conférences ou de séminaires dans le courant du mois, avec des éveillés impersonnels en chair et en os… pour zéro activité accueillant l’intervention d’un extraterrestre tangible.
Si Charles n’éprouvait pas beaucoup d’intérêt pour les éveillés impersonnels, c’était parce qu’il comprenait très bien le caractère finalement très ordinaire et très limité de leur niveau psychique. Il savait que ces éveillés impersonnels étaient dépourvus de la moindre puissance psychique significative, et même leur sérénité intérieure pouvait être détruite par quelque atteinte neurologique. Des éveillés impersonnels devenus déments, s’étant mis à délirer sur leur lit de mort ou simplement à cause d’un trop fort accès de fièvre, ou encore ayant succombé à quelque forme de dépression ou de névrose lorsque la vie les confrontait à des épreuves particulièrement difficiles… il en existait suffisamment de cas pour convaincre n’importe quel chercheur exigeant que si c’était-là le niveau d’évolution ultime de la psyché, alors cela ne valait pas grand-chose et ne méritait pas beaucoup qu’on s’y attarde longtemps…

Charles finit par ouvrir les tiroirs… Lorsqu’il eut le petit carton entre les doigts, il inscrivit « oui » après un petit moment d’hésitation. Puis, comme par enchantement, sur le carton de fines ciselures apparurent pour former des lettres et des chiffres. Le message indiquait le nom d’une gare, ainsi qu’une date suffisamment précise pour donner l’heure à la minute près. Charles contempla le bout de papier, ébahi… puis il vit que les lettres et les chiffres se mettaient à disparaître. Il n’eut pas la présence d’esprit de noter les informations avant leur disparition. Mais heureusement, il s’en rappelait parfaitement, ayant lu et relu la magique inscription. Le rendez-vous était prévu pour le lendemain, à 6h du matin dans une petite gare située dans une petite ville à quelques dizaines de kilomètres. S’il voulait être à l’heure, il devait se lever à 5h du matin. En se disant qu’il valait mieux qu’il aille se coucher tout de suite, il jeta un coup d’œil à l’horloge et vit qu’il était déjà 2h du matin ! Il s’était tellement absorbé dans ses pensées qu’il n’avait pas vu passer le temps.

Chapitre 3 : Le voyage.

Le quai de la gare était désert. Haidon portait toujours ses étranges lunettes noires, et on se demandait ce qu’il pouvait bien y voir étant donné qu’à 6h du matin il y avait encore pas mal d’obscurité… Charles n’avait pris aucun bagage, même pas le plus petit matériel de toilette. Il se sentait un peu fatigué, mais en même temps tellement excité à l’idée de plonger tête la première dans une aventure qui s’annonçait extraordinaire.

- Il n’y aura rien d’extraordinaire, lui dit Haidon en souriant. Vous allez simplement séjourner auprès du Maître… J’imagine qu’il vous communiquera quelque enseignement et répondra à certaines de vos questions.
Haidon était de taille moyenne, avec une charpente quelque peu carrée. Ses cheveux courts et gris dessinaient un genre de coupe en bol autour de son visage. Ce dernier respirait la bonté et la joie, et peut-être même une certaine espièglerie… mais cela était soigneusement caché par les fines glaces noires. Sa voix, à la fois douce et ferme, et son absence d’accent faisaient un peu penser à ces commentateurs invisibles des documentaires, au timbre noble et tendre. Charles réalisa que contrairement à sa première impression, il était difficile de donner un âge à cet homme. Il y avait quelque chose de puissamment jeune dans son visage, dans sa voix, dans sa manière d’être… et en même temps quelque chose d’antédiluvien.
- Par ici, dit Haidon en désignant une voiture noire sur le parking de la gare.
- Je croyais que nous prendrions le train.
- Vous dites ça parce que le rendez-vous a été donné dans une gare ?
- Oui…
- Je vous ai donné rendez-vous ici parce que… ça me plaisait de le faire.
Avant qu’ils n’arrivent à la voiture, un homme en uniforme d’employé de gare traversa le trottoir à quelques mètres d’eux. Charles se précipita vers cet homme en criant des « eh oh vous ! » et l’agrippa au bras.
- Est-ce que vous voyez ce monsieur ? demanda-t-il à l’employé de gare, d’une voix vive, en désignant Haidon.
- Qu’est-ce que vous me voulez ? fit l’employé en reculant de deux pas et en armant ses poings, prêts à se battre.
- Je veux juste savoir si vous voyez cet homme là-bas, répéta Charles en gesticulant presque avec nervosité.
- C’est quoi cette question ? Est-ce ça vous arrive souvent d’agresser les gens de cette manière ?
- Je ne vous agresse pas…
Mais l’employé avait accéléré le pas et disparu derrière l’une des portes latérales de la gare, non sans grommeler quelques jurons à l’encontre de Charles. Haidon, qui avait assisté à toute la scène sans bouger, éclata de rire lorsque Charles revint avec un air de chien battu.
- Vous, dit-il, vous n’avez pas bien digéré notre première rencontre.
- Le serveur m’a dit hier qu’il ne vous avait pas vu, que j’avais parlé tout seul… Est-ce que vous êtes comme une sorte d’apparition ?
- Touchez moi.
- Ça ne veut rien dire, hier aussi je vous ai serré la main.
- Bien observé, commenta Haidon. Mais nous devons partir maintenant, les autres employés de la gare vont commencer à arriver et je ne voudrais pas que vous passiez pour un fou.

Haidon conduisait vite, malgré l’étroitesse des routes qu’ils empruntaient. Après deux heures de voyage à travers des paysages à moitié sauvages, ils arrivèrent dans un petit village niché sur une belle petite colline boisée.

Durant tout le trajet, Charles avait essayé de réfléchir à ce qui se passait. Pourquoi lui ? Qui était Haidon ? Etait-il vraiment un extraterrestre ? Quel était le but de cette invitation ? Combien de temps resterait-il ? Qu’adviendrait-il de sa voiture restée sur le parking de la gare ? Est-ce qu’il y aurait des vêtements à sa taille dans la maison du Maître ? Qui était le Maître ? Haidon avait demandé le silence durant le voyage, mais une fois qu’ils s’arrêtèrent dans la cour d’une modeste maison aux airs de chalet de montagne, le large portail s’étant ouvert puis refermé après leur entrée, Charles se prépara à bombarder son compagnon de questions.
- Ne soyez pas si pressé, fit Haidon en le stoppant d’une main en l’air. C’est bientôt l’heure du petit-déjeuner, et vous pourrez poser quelques-unes de vos questions. Pour l’instant, venez avec moi, que je vous installe.
La maison était entourée d’une clôture qu’épousaient des massifs de fleurs et des arbres pas très grands aux feuillages touffus qui faisaient environ deux mètres de haut. La cour était spacieuse, et deux autres voitures, identiques à celle dans laquelle ils étaient arrivés, complétaient le parc automobile privé de la demeure. Deux grandes et larges allées à gauche et à droite menaient à l’arrière de la maison, où s’étendait l’un des plus magnifiques jardins qui puisse exister. La maison était belle, son bois orangé donnait une sensation de chaleur, que venait parachever un toit de tuiles de la même tonalité. De lourds rideaux blancs formaient un écran virginal derrière les vitres. Il y avait quelques colonnades sur la petite véranda, et quelques rosiers épanouis paraissaient souhaiter le bonjour…
- Quelle belle maison ! s’exclama Charles.
- N’est-ce pas ? lui répondit Haidon en l’invitant à entrer.

L’entrée donnait sur un large couloir, qui se terminait lui-même sur une porte vitrée à travers laquelle jaillissait un bouquet de couleurs et de lumières opalescentes. La première porte à droite donnait sur une pièce qui faisait office de bibliothèque. La première porte à gauche donnait sur la salle de séjour. La chambre réservée à Charles se situait trois portes plus loin sur la droite, et un petit panneau au-dessus de la poignée indiquait son nom.
- Votre chambre, confirma Haidon en ouvrant la porte.
C’était une belle et généreuse chambre, très simplement aménagée. Un lit deux-places qui paraissait confortable, une armoire en bois ancien, un bureau pourvu d’une chaise rembourrée, un petit meuble bibliothèque, et une porte dans un coin qui donnait accès à une salle de toilette privée. Et beaucoup d’espace. Dans l’armoire pendait une dizaine de tenues rigoureusement identiques aux vêtements que Charles portait, et la précision allait jusqu’aux sous-vêtements et aux chaussettes.
- Vous ne manquerez de rien. Faites un brin de toilette et rejoignez-nous dans la salle des repas.
Quand Charles se pencha plus attentivement sur le meuble bibliothèque, il découvrit que celui-ci était rempli, sur la rangée du bas, de bandes dessinées, dont une série de Mafalda. Et la rangée du haut était investie par des livres qui étaient manifestement humoristiques. Etait-ce une plaisanterie ? Il se serait attendu à trouver des traités ésotériques, des grimoires occultes ou des ouvrages de spiritualité… A la place, il y avait des recueils de blagues, des Petit Nicolas, des romans humoristiques, dont une série de Don Quichotte…

Un quart d’heure plus tard, Charles s’engagea dans le couloir à la recherche de la salle des repas. La maison, qui ne semblait pas si grande vue de l’extérieur, du moins vue de face, était en réalité spacieuse. Il y avait sept portes à droite, et autant à gauche du couloir. Seule la porte de sa chambre portait une inscription. Et seules les deux premières portes du couloir étaient ouvertes en permanence, semblait-il. Ne sachant comment deviner où était la salle des repas, il entreprit d’ouvrir les portes un peu au hasard. Derrière la première porte qu’il poussa, il tomba nez à nez avec une femme toute nue qui était en train de se choisir une tenue dans l’armoire. La femme se retourna et invita Charles à rentrer, avec un sourire très particulier, car on aurait dit qu’elle s’amusait beaucoup de l’embarras du visiteur impromptu.
- Excusez-moi, balbutia Charles en faisant machine arrière.
- Venez, insista la femme qui lui faisait maintenant face et s’avançait vers lui.

Elle était d’une beauté extraordinaire. Comme Charles, qui avait consenti à rentrer, regardait ses propres pieds pour ne pas avoir à poser les yeux sur cette magnifique nudité, la femme le sermonna sur un ton enjoué :
- Pourquoi regardez-vous vos chaussures ? Me trouvez-vous si moche que vous n’avez même pas l’envie de me regarder ?
- Non au contraire !
- Alors quoi ? Ne me dites pas que vous avez peur de regarder une femme nue.
- Non…
- Regardez-moi. Je ne vois pas comment vous pourrez soutenir le regard du Maître si déjà vous êtes incapable de me regarder dans les yeux.
Les yeux de Charles balayèrent d’abord les belles jambes de la dame. C’était des jambes élégantes, à la fois fines et légèrement musclées, dont les courbures douces s’accentuaient dans cette beauté si féminine et si suave qui se déployait en une discrète volupté lorsqu’on remontait les cuisses pour arriver aux hanches. Autant qu’il le pouvait, Charles essaya d’éviter de poser son regard sur la zone pubienne, mais ses yeux paraissaient magnétiquement attirés, irrésistiblement attirés vers cet endroit, qui dégageait un charme extraordinaire qui fit se hérisser les poils du malheureux invité. Il fit de gros efforts pour réfréner un brûlant désir qui montait en lui… Son regard put enfin se détacher de la délicate région taillée en triangle d’une manière très suggestive, avec un léger tapis brun de velours fin et stylisé. Le ventre était parfait, plat comme celui d’un modèle au régime. Les délicieuses courbes en creux s’ouvraient sur une poitrine rebondie et presque insolente…
Charles était transit de froid, et il suffoquait de chaud en même temps. Il tremblait un peu, et avait quelque mal à contenir son émoi. Il n’avait jamais vu une femme aussi belle. Des bras sveltes et forts se déployaient depuis des épaules gracieuses, et un sourire exquis ondulait doucement sur les lèvres.
- C’est bien, dit la femme d’une voix d’ange, en suivant avec patience le voyage du regard de Charles qui semblait caresser chaque partie de son corps.
Prenant une dernière inspiration, Charles hissa son regard plus haut, au-delà du nez sans défaut de la belle dame à la longue chevelure brune. Lorsqu’il arriva au niveau des yeux, le regard de Charles buta contre de fines et belles lunettes noires !
La femme semblait jeune… 25 ans, peut-être 30. Elle devait mesurer 1m70, car elle semblait légèrement moins grande que Charles. Son visage rayonnait la même bonté et la même joie que celui de Haidon, mais avec une finesse de traits et un charme sensuel renversant.
- Je m’appelle Donia, dit-elle en tendant la joue à Charles pour les bises d’usage.
- Charles.
- Enchantée Charles. Vous tombez au bon moment, vous allez pouvoir m’aider à choisir quelle tenue je vais porter aujourd’hui.
Lorsque Charles regarda dans l’armoire, il vit que celle-ci ne contenait rien d’autre qu’un lot d’une vingtaine de tenues toutes identiques les unes aux autres.
- Elles sont toutes tellement pareilles que je ne sais laquelle choisir, dit Donia en riant.
Et en disant cela, elle donna une petite tape amicale dans le dos de Charles, puis posa sa main avec affection sur l’épaule de l’infortuné qui était sur le point de s’évanouir, tant il faisait des efforts psychologiques titanesques pour éviter d’avoir une érection.

 

Extrait de « Les Supra-Humains sont déjà parmi nous ! » de Kessani et Chris Iwen, aux éditions Altess

Pour les commandes : http://iwen.free.fr/livres/livrescommander/livres-command.htm

retour au sommaire